Vous êtes ici : Accueil > Extra-muros > Nicolas Rouche : Hommage par Paul Van Praag
Publié : 19 novembre 2008

Nicolas Rouche : Hommage par Paul Van Praag

En hommage à Nicolas Rouche décédé le 18 novembre 2008, le professeur Paul Van Praag nous envoie le texte de la conférence qu’il a prononcée à Louvain-la-Neuve le 25 mai 2002, lors de la journée d’hommage à Nicolas Rouche.

Nicolas ROUCHE : du Rapport DANBLON à la création du CREM

1. En 1989 un ministre de l’éducation créa sept commissions chargées de
faire des propositions sur des domaines de l’enseignement dont les
mathématiques. Parmi les questions posées sur les mathématiques :
- pourquoi sont-elles un repoussoir ?
- pourquoi enseigner les mathématiques au 21e siècle ?

Le ministre désigna comme président de la commission Paul Danblon, un chimiste et musicien compositeur qui fut célèbre comme journaliste scientifique à la télévision (et qui termina sa carrière dans les années 90 comme directeur de l’Opéra Royal de Wallonie). J’ignore les motivations du ministre, mais Danblon sait diriger une commission, comprend immédiatement les enjeux, et sait faire conclure.

Nicolas faisait partie de cette commission, il savait ce qu’il voulait et avait une vision globale et cohérente. Sa présence fut écrasante. Il a convaincu puis, cela n’étonnera pas ceux qui le connaissent, n’a pas essayé de faire écrire le rapport par d’autres, mais l’a écrit à peu près seul. Je dis à peu près parce que, selon mes souvenirs, Sylvain Courtois, un inspecteur de l’enseignement secondaire, participa concrètement à l’élaboration de ce rapport qui fut publié en 1990.

C’était curieux et intéressant d’avoir une commission dont un seul membre avait une vision globale et cohérente : la commission d’histoire comprenait plusieurs des historiens qu comptent en Belgique francophone,son rapport aligna des avis différents et n’eut pas de suite.

Tout le monde ici connait le contenu du Rapport, les idées de Nicolas : le sens, le rôle que peuvent jouer le mathématiques dans la formation de la personnalité. Mais le Rapport proposait aussi la création d’un ou de deux centres de recherches.

Le ministre nous reçut aimablement et nous remercia.

2. Alors apparut (pour moi) un autre aspect ,que je comprends mieux depuis
l’exposé de Jean Mawhin, de la personnalité de Nicolas.Nicolas a organisé
la marche vers la création de CREM. A son initiative les départements de
mathématiques des université francophones déléguèrent un ou deux représentants qui,avec des acteurs de tous les niveaux et de tous les réseaux de l’enseignement de la Communauté Française,constituèrent le noyeau du futur conseil d’administration du CREM. Des contacts furent pris avec des organisations de mathématiciens et d’enseignants,les recteurs,des hauts fonctionnaires ,des dirigeants syndicaux,des hommes politiques.

Dans tout ce travail Nicolas tint compte d’un élément capital : il existe principalement un enseignement public,officiel,et un enseignement catholique. Le ministre était socialiste et laïc, Paul Danblon aussi. Nicolas pouvait penser ce qu’il voulait, il était professeur à l’Université catholique de Louvain. Il est arrivé à ses fins : il y eut un accord entre les réseaux, un autre ministre de l’éducation donna un bâtiment et un budget, le CREM put engager des chercheurs. J’arrête ici l’histoire,c’était en 1993.

Paul van Praag

Université de Mons-Hainaut.

(le 25 mai 2002, à l’UCL lors d’une journée d’hommage à Nicolas Rouche).