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Publié : 14 décembre 2009

L’adossement d’école devrait être obligatoire

Carte blanche de Françoise Guillaume Préfète de l’Ecole Decroly

Article paru dans le journal Le Soir

L’adossement d’école devrait être obligatoire

Françoise Guillaume Préfète de l’Ecole Decroly

mercredi 09 décembre 2009, 10:42

Dans le cafouillage actuel d’un énième décret censé favoriser la mixité sociale, on voit le clivage entre l’enseignement officiel et l’enseignement catholique se focaliser autour de l’adossement. Chacun y défend un pré carré, fondé sur une situation historique, ce qui vire à l’absurde.

L’adossement d’école n’est en rien contradictoire à l’objectif, légitime, de mixité sociale du décret contrairement au critère de proximité géographique par exemple, dont je vous laisse imaginer les effets sur les communes comme Uccle, Waterloo… La coexistence sur un même site d’une école primaire et d’une école secondaire se retrouve dans tous les réseaux.

Quand on observe le système dans son ensemble, il est étonnant que l’enseignement obligatoire soit ainsi clivé entre deux pôles (écoles fondamentales et écoles secondaires) qui n’ont entre eux, le plus souvent, aucun rapport : l’administration, la gestion du personnel, les logiciels, les obligations professionnelles… A l’heure où on parle synergie dans toutes les entreprises, chapeau !

Mais il y a pire : depuis le décret Missions, en 1997, un travail gigantesque a été fait en termes de rénovation des objectifs et des contenus d’apprentissage : des socles de compétences ont été élaborés, des moyens exceptionnels ont été attribués au premier degré mais tout le monde fait l’impasse sur ce qui est la base même d’un système comme celui-là : la coopération et le travail d’équipe entre enseignants de différents niveaux.

Comment espérer atteindre au mieux les socles à 14 ans s’il n’existe aucun espace pour connaître en profondeur le niveau requis (de connaissances et de compétences) à 12 ans ? S’il n’y a pas d’incitation à un travail collectif primaire-secondaire ?

La plupart des échecs évitables au premier degré de l’enseignement secondaire sont partiellement fondés sur la représentation que se fait l’enseignant de ce qu’est un enfant de primaire, sur la compréhension en profondeur d’un phénomène simple : passer de l’école primaire à l’école secondaire, c’est quitter le statut de « grand » dans une école d’enfants pour entrer dans celui de « petit » dans une école d’adolescents. Beaucoup de problèmes peuvent trouver des pistes de solutions quand l’enseignant du secondaire peut parler à l’instituteur/trice qui a formé l’enfant en primaire.

Dans une école comme Decroly, on peut organiser au maximum deux journées de formation commune à tous les enseignants de l’école, du petit jardin d’enfants à la fin du secondaire. Combien d’écoles le font-elles ? Mais qui peut le leur reprocher quand RIEN n’est prévu pour favoriser ces initiatives ?

Comment justifier la coexistence de cette demande politique de former tous les élèves à une culture de base et une volonté farouche de ne pas vouloir voir collaborer des écoles primaires et des écoles secondaires, comme en témoigne le refus d’adossement actuellement préconisé par ceux-là mêmes que l’on pourrait croire les plus sensibles aux questions systémiques et/ou d’attention aux enfants ?

Pour toutes ces raisons, l’adossement entre une école secondaire et une ou plusieurs écoles primaires devrait être obligatoire, avec collaboration pédagogique effective à la clé. Alors, on pourra peut-être espérer que les problèmes criants du premier degré (19 % des élèves de 1re différenciée ont obtenu leur CEB en juin 2009, par exemple) se résorberont peu à peu.