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Publié : 14 septembre 2009

Gordon Brown présente des excuses posthumes au mathématicien Alan Turing

Article du journal Le Monde du 14.09.2009

Dans une tribune au Daily Telegraph, le premier ministre britannique Gordon Brown a présenté ses excuses, au nom du gouvernement britannique, pour le traitement "déplorable" réservé au mathématicien Alan Turing dans les années 1950. Turing, l’un des plus brillants scientifiques de l’époque, avait largement contribué au décryptage des codes secrets utilisés par l’armée allemande durant la seconde guerre mondiale. Mais après guerre, la révélation de son homosexualité – qui constituait un délit à l’époque – avait ruiné sa carrière ; après une condamnation en justice pour "indécence", il s’était vu refuser toute participation aux grands projets scientifiques de l’époque. Alan Turing s’est suicidé en 1954, en partie, estiment ses défenseurs, parce qu’il avait été condamné à la castration chimique.

"Bien que Turing ait été traité selon la loi de l’époque et que nous ne puissions pas remonter le temps, ce qu’on lui a fait était bien entendu totalement injuste", écrit Gordon Brown. "Il n’est pas exagéré de dire que, sans sa contribution hors du commun, l’histoire de la seconde guerre mondiale aurait pu être très différente", poursuit-il. Depuis plusieurs mois, une pétition au premier ministre demandait des excuses du gouvernement. Elle a été signée par plus de 30 000 personnes et soutenue par plusieurs personnalités du monde de la culture, des sciences et des militants des droits des homosexuels.

Peter Tatchell, militant du groupe Outrage !, qui lutte contre les discriminations faites aux homosexuels, a salué le geste de Gordon Brown, mais estimé qu’il ne s’agissait que d’un premier pas. "Traiter Turing comme un cas particulier, simplement parce qu’il est célèbre, est injuste", estime-t-il. Environ 100 000 Britanniques ont été condamnés à la castration chimique, estime son association, jusqu’au vote du Sexual Offences Act, en 1967, qui légalisait les rapports sexuels entre hommes. L’homosexualité féminine n’était, quant à elle, pas punie par la loi.

Le Monde 14 septembre 2009